Utopie, le retour !

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Utopie, le retour !

 

Utopie, un joli petit livre de Thomas Bouchet (1), dans une petite collection ambitieuse qui se propose de « s’emparer d’un mot dévoyé par la langue au pouvoir, de l’arracher à l’idéologie qu’il sert et à la soumission qu’il commande pour le rendre à ce qu’il veut dire ». Pari réussi avec Utopie (2).

L’auteur après avoir rappelé ls signification du terme : « lieu de nulle part » mais aussi « bon lieu » et son apparition au 16e siècle avec Thomas More (1516) puis François Rabelais (1532), souligne que bien souvent les utopistes sont qualifiés de niais et au mieux de doux rêveurs voire de promoteurs d’un monde totalitaire. Certes, il ne nie pas que certaines utopies soient autoritaires comme celle du socialiste Cabet au 19e mais, il remarque que la référence à la niaiserie et au totalitarisme en germe sert surtout à nous détourner de l’utopie, celle d’un monde juste et égalitaire, et à nous faire accepter le monde tel qu’il est et tel qu’il va comme indépassable et à entretenir la peur des partageux, des communeux et de la canaille. Quand ce ne sont pas les socialistes eux-mêmes qui dénigrent l’utopie sociale, à l’image de Marx, sous prétexte d’un « scientisme » et d’une superbe dont on connaît aujourd’hui le résultat ou les « socialistes » contemporains qui la vilipendent sous prétexte de réalisme et de capacités gestionnaires. L’auteur nous invite à briser « la gangue d’interprétations » qui affaiblissent l’utopie. Bouchet nous invite aussi à nous pencher sur la riche littérature utopique : Campanella, Fourier, Déjacques, Buber, Benjamin, Bookchin… Autant de textes qui peuvent nous « apprendre à espérer » qu’un autre monde est possible et que l’utopie, revendiquée par Kropotkine ouvre des pistes.

Au demeurant prenons garde aux récupérateurs de l’utopie qui sont aussi à la manœuvre et qui l’utilisent comme slogan à des fins mercantiles ou démagogiques.

Les milieux libres anarchistes, le Chiapas, les coopératives autogérées, les ZAD… sont autant d’utopies restreintes mais combien enrichissantes et apprenantes. L’Espagne 36 et la Commune de Paris 1871, furent de grandes et belles utopies en actes. La voie est libre, place à « l’écart absolu », sortons des sentiers battus, osons l’Utopie ! Osons avec Signac le « temps d’anarchie » !

 

Bouchet T., Utopie, Paris, Ed Anamosa, à Publico, 9 €.
Voir aussi M. Riot-Sarcey, Le réveil de l’Utopie, ML n°1821, octobre 2020.

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