Les Années héroïques de l’anarchisme

FacebooktwitterredditpinterestlinkedinmailFacebooktwitterredditpinterestlinkedinmail

Les Années héroïques de l’anarchisme. Dans les années soixante, dans les milieux politiques que je fréquentais, indépendantistes, socialistes, trotskystes, etc., le débat faisait toujours rage à propos de la révolution espagnole de 1936-1939, à laquelle avaient participé des Québécois et des Canadiens.Lesnnées héroïques de l’anarchisme

Murray Bookchin nous livre dans Les anarchistes espagnoles (1868-1936)son analyse sur les années, héroïques pour lui, de construction de l’anarchisme espagnol.

Rappelons que c’est la découverte de ce mouvement suite à la guerre révolutionnaire en Espagne de 1936 à 1939 qui conduisit Bookchin du marxisme vers l’anarchisme. Il entendait par ce livre informer, voire éduquer les militants des USA de la dernière moitié du 20ᵉ siècle, souvent ignorant de « l’idée », des valeurs et des réalisations sociales du collectivisme libertaire.

Son récit commence en 1868 avec l’arrivée de Fanelli1 qui favorisa la naissance des premiers noyaux de l’Association internationale des travailleurs (AIT) en territoire ibérique. D’abord à Madrid et Barcelone, l’AIT se développe dans toutes les régions d’Espagne. Son congrès de 1870 définit les modalités d’organisation sur une base « syndicaliste révolutionnaire ».

En 1872, à Saint-Imier, les militants espagnols adhèrent à l’internationale antiautoritaire. Par ailleurs, Bookchin, contre Marx, rend justice à la paysannerie révolutionnaire de Murcie et d’Andalousie qui fut l’un des principaux creusets du mouvement anarchiste ibérique en parallèle avec sa construction dans le mouvement ouvrier urbain.

Malgré une répression permanente tout au long de son histoire, même s’il y eut des hauts et des bas, les anarchistes ne baissèrent jamais les bras, même dans la clandestinité. Avec la paysannerie andalouse, les ouvriers des centres industriels porteront, plus tard, haut les couleurs de l’anarcho-syndicalisme. L’ouvrage nous livre quelques beaux portraits de militants oubliés (en France) et décrit par le menu la création, les difficultés et les débats qui alimentèrent, parfois déchirèrent la CNT et le mouvement anarchiste espagnol.

De dictature en République, la vie du mouvement et de ses militants fut une succession d’interdiction, de clandestinité, d’action directe, d’emprisonnement puis de retours à la vie publique tant sur le plan individuel que collectif, sans compter de difficiles relations avec le PSOE et l’UGT (organisations socialistes). Après avoir évoqué la révolte des mineurs asturiens en 1934, le livre s’achève en juillet 1936.

Et, là, une autre période héroïque et tragique s’ouvre.

Un livre qui fourmille de détails. Toutefois, porteur des analyses de Bookchin, certaines d’entre elles mériteraient d’être nuancées ou pour le moins discutées.

Bookchin Murray, 2023, Les anarchistes espagnoles, les années héroïques (1868-1936), Québec, Lux.

1 Giuseppe Fanelli

FacebooktwitterredditpinterestlinkedinmailFacebooktwitterredditpinterestlinkedinmail