Primitivisme et effondrement

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Primitivisme et effondrement

Tel est le sous-titre de l’essai de Pierre Madelin (1) dans lequel il se livre à une critique argumentée du primitivisme qu’il définit comme un mythe du retour à l’âge d’or du pléistocène. Le monde d’avant la domestication, l’agriculture et la sédentarisation. Pour Madelin, le primitivisme bien que teinté « d’un imaginaire libertaire radical » est « un cul-de-sac politique et stratégique tant un retour à la civilisation des chasseurs-cueilleurs est illusoire. Sociétés souvent certes assez égalitaires, souvent « contre l’état » mais où des formes d’esclavages et de fortes inégalités entre les hommes et les femmes pouvaient néanmoins exister. Sociétés par ailleurs qui n’étaient pas exemptes de violence guerrière souvent vecteur du principe de domination sur les humains et la nature. Le primitivisme est donc pour l’auteur une « impasse politique » car à l’évidence il est impossible de revenir à une économie de la cueillette compte tenu de la densité de population aujourd’hui.

Dans une seconde partie toujours en lien avec la critique du primitivisme, Madelin revient sur le mythe de la nature sauvage et « intacte » qui de fait n’existe pas tant elle se transforme par elle-même et sous l’influence de ceux qui l’habitent, animaux, hommes, végétation… et qu’il serait « aberrant de vouloir protéger des espaces libres de toute influence anthropique ». L’homme n’étant « qu’un membre de la communauté biotique ». Malgré quelques aspects positifs au primitivisme dont l’éveil de la conscience écologique que concède l’auteur, il fait l’hypothèse qu’il s’agit surtout « d’un individualisme mystique », voire un privilège de classe, celui de ceux qui peuvent sortir du système. Sans s’opposer au droit des individus de se retirer légitimement du monde tel qu’il est, le primitivisme révèle une société sans projet collectif d’émancipation. L’essai se conclue sur une allusion au communalisme libertaire de Murray Bookchin qu’il cite : « l’idée de domination de la nature ne peut être dépassée que par la création d’une société dépourvue de classes et de structures hiérarchiques. Un essai en d’autres termes qui donnent à réfléchir quant à une harmonie possible entre le genre humain et ses environnements « naturels ».

 

(1) Madelin P., 2020, Faut-il en finir avec la civilisation ? Québec, écosociété. A publico

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