L’emballement du monde

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L’emballement du monde. Victor CourtL’emballement du monde

L’ouvrage de Victor Court, L’emballement du monde, s’inscrit dans la lignée des travaux de Graeber et Wengrow. Après avoir mis en débat le concept d’anthropocène (espace de l’humain) qui renvoie la responsabilité de la situation environnementale à tous les êtres humains, il y substitue le concept tout d’abord celui de capitalocène qu’il critiquera et rejettera par la suite. En d’autres termes, la responsabilité de la dégradation reviendrait largement au capitalisme et aux riches (individus et pays) qui sont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, et ce, depuis l’entrée dans le monde industriel.

La thèse de l’auteur repose sur l’hypothèse d’un lien étroit entre consommation énergétique et les systèmes de domination. À telles ressources et usages, telles modalités d’organisations sociales. De la coopération des chasseurs-cueilleurs avec l’usage de l’énergie musculaire et du feu, au système étatique contemporain lié aux énergies fossiles, en passant par les premiers états, résultats du passage à l’agriculture liée à l’énergie solaire (photosynthèse) et à la traction animale.

L’ouvrage est organisé, afin de conduire la démonstration, en trois parties : Le temps des collecteurs, le temps des moissonneurs, le temps des extracteurs, chaque époque mobilisant prioritairement une forme d’énergie avec des conséquences plus ou moins grandes et plus ou moins désastreuses sur les environnements et les modes d’organisation et de dominations sociales. En d’autres termes, V. Court illustre « l’histoire conjointe de l’énergie et des rapports sociaux »

Après un long développement, l’auteur en arrive à monter qu’avant même le capitalisme, des structures sociales étaient déjà à l’œuvre pour transformer radicalement l’environnement, en particulier avec l’état et les stratifications sociales sur lesquelles il repose. Pour lui, dans aucun doute, « l’anthropocène coïncide avec l’émergence de l’état ».

Dans une longue conclusion, sans tomber ni dans les pièges du catastrophisme et de l’inéluctable effondrement, ni dans celui du « technosolutionnisme » ou du culte du progrès continu, l’auteur considère toutefois que la décarbonation nécessaire à la transition énergétique ne pourra pas se faire sans un effort colossal. Pour lui, point d’effondrement apocalyptique à venir, à la condition toutefois de se libérer du « joug étatique » et capitaliste. Belle perspective qui devra par ailleurs s’inscrire dans le cadre d’une grande sobriété énergétique et dans un monde de basse technologie.

Court V., 2022, L’emballement du monde, Québec, écosociété.

 

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