Peuple et Culture, Penser et Agir en commun

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Fondements et pratiques d'une éducation populairePeuple et Culture
Penser et Agir en commun(1)

Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé afin de marquer le 70ᵉ de Peuple et culture dont les toutes premières pages rappellent l’origine de l’association et les valeurs qu’elle véhicule toujours.

Elle fut fondée en 1945 au sortir de la guerre pour  « rendre la culture au peuple et la peuple à la culture » suite au décervelage de la période vichysso-nazie.
Elle se veut toujours, comme de nombreuses associations d’Éducation populaire, porteuse de transformation sociale, de conscientisation et d’émancipation. Le préfacier lui donne même l’ambition de favoriser « l’insurrection des consciences » dans le cadre d’un « humanisme révolutionnaire ».

Reste à savoir de quelle émancipation l’on parle et jusqu’où les militants de ce courant réformateur et humaniste de l’Educ-pop sont prêts à la pousser. Il s’agit néanmoins de créer un mouvement permettant d’instaurer une éducation critique par la critique afin de « repousser toutes les formes de domination ».

En ce sens, il convient de repenser et de rénover l’école afin qu’elle favorise « l’éclosion d’esprits libres, indépendants, autonomes, équipés pour penser par eux-mêmes »… Une école basée sur des pédagogies actives, « nouvelles » voire autogestionnaires. En bref, un projet par bien des aspects en accord le projet libertaire.

École de la critique qui est aussi celle de l’éducation permanente, ouverte et volontaire, de facto tout le contraire de ce que met en place la loi sur « la liberté de choisir son avenir professionnel » de septembre 2018 qui marchandise la connaissance et la restreint à la seule et étriquée recherche de compétences strictement professionnelles. Autrement dit, une loi qui inféode l’éducation des adultes (mais pas que) à l’emploi.

Loi dont l’objectif est la conformation de tous aux exigences du travail et non le développement de la « capacité à s’autoformer toute la vie durant » afin de gagner en liberté.  Cette exigence de parvenir à terme à l’autoformation implique qu’en amont, les pratiques d’éducation des adultes s’inscrivent aussi dans les mêmes formes que celles d’une école rénovée telle qu’évoquée plus haut.

Penser et Agir en commun est un livre aux multiples facettes, impossible à résumer dans lequel il convient donc de picorer. Il aborde l’histoire de ce mouvement, Peuple et Culture, au travers de textes fondateurs, de son actualité ainsi que quelques analyses d’experts sur ses réalités. Un ouvrage foisonnant qui permet d’entrer en Éducation populaire, au travers de l’une de ses associations et de se remémorer ses origines, ses valeurs et quelques-unes de ses nombreuses pratiques citoyennes, culturelles et interculturelles.

Il est le témoignage collectif de militants d’une association qui n’a de cesse de réaffirmer et de « défendre une culture plurielle et partagée, sans hiérarchie, sans niveau de légitimité ni noblesse, mais pas sans rigueur ». Peuple et Culturequi se définit comme une association d’Éducation populaire politique, a une autre ambition, à savoir « inventer sans relâche […] des occasions de se politiser, de se choisir librement, par-delà le sentiment d’impuissance que ne cesse de susciter […] un système social où les hommes ne sont jamais en mesure d’inventer ensemble leur propre humanité ».

Parmi les nombreuses contributions, l’ouvrage fait aussi une large place à Joffre Dumazedier l’un des fondateurs, avec Bénigno Cacérès, de Peuple et Culture et à la méthode qu’ils développèrent.

À savoir celle de l’entrainement mental(2) qui favorise l’autodidaxie comme chemin d’accès à la culture. Une culture qui est pour le « travailleur une arme contre l’injustice ».

Au demeurant, pour Peuple et Culture, la lecture, l’écriture, le cinéma, le théâtre, la controverse… restent des outils essentiels à la naissance d’un esprit critique et d’une culture émancipatrice et transformatrice du réel, ancrée dans la vie quotidienne. Et ce même à l’heure du numérique qui probablement marquera un troisième âge de l’éducation populaire. Point de vue que partagent encore aujourd’hui de nombreux anarchistes, l’accès au savoir étant toujours considéré comme un des leviers indispensables à la conscience révolutionnaire.

2 Il s’agit d’une méthode pour relancer les processus d’apprentissage et pour développer l’esprit critique.

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