Étincelles pédagogiques

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Étincelles pédagogiques

Jacqueline Triguel, syndicaliste et enseignante en collège, nous livre dansÉtincelles pédagogiques le récit de pratique d’une enseignante pleine du questionnement légitime de tous ceux et celles qui tentent de faire acquérir du savoir à des apprenants jeunes ou adultes. Elle questionne de manière radicale et argumenté sa place et son rôle en tant qu’enseignante et la place et les rôles dévolus aux apprentis où bien souvent la distanciation pédagogique et l’inégalité de statut dominent. Il s’agit pour elle de changer de posture, de faire place à l’autre et rompre avec la toute-puissance du sachant, en bref de céder la parole et de favoriser l’émergence de l’esprit critique même si quelquefois ses premières apparitions peuvent déconcerter, voire choquer par la rudesse de certains propos des participants. Il convient donc de « faire le choix d’accueillir l’imprévu, et [d’] accepter que les élèves aient pleinement la parole, s’émancipent du joug du maître, questionnent les savoirs, les démarches afin de mieux se les approprier et mieux comprendre le monde ». Mais aussi comme le préconisait C. Rogers de tenir compte des émotions, tant celles des élèves que des éducateurs, qui sont parfois favorables, mais plus souvent encore une force inhibitrice pour les apprentissages. En d’autres termes : « la peur d’apprendre et la peur d’enseigner s’autoalimentent ». Et, dans la foulée rompre aussi avec le sacrosaint « tenir sa classe »

L’auteure par ailleurs insiste sur le nécessaire regard critique sur l’institution, car ni les élèves, ni les profs ne sont responsables de tout et encore moins des échecs et autres décrochages. L’institutionde facto induit des pratiques et génère des effets qu’elle justifie. Ainsi malgré les discours, l’école inclusive n’est qu’un mythe au service du consensus social. Rien n’est fait en réalité pour l’école émancipatrice, « celle qui privilégie le collectif plutôt que la compétition, qui cherche la mise en commun plutôt que la sélection ». J. Triguel affirme donc que « tant que le travail classe [sera considéré] comme la stricte application de programme […]nous éteindrons toutes étincelles de désir pour les apprentissages ». Qu’on se le dise !

Au-delà, l’auteure nous offre quelques réflexions fort utiles où les points de vue croisés des apprenants et des éducateurs se conjuguent (point fort de l’ouvrage) et quelques pistes pour développer une pédagogie coopérative et autogestionnaire dans les espaces d’apprentissages.

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Triguel J., 2021,Etincelles pédagogiques, Montreuil, Libertalia.

 

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