Haymarket, le marché tragique

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Haymarket. Chicago, 1886. Les conditions de vie des ouvriers, essentiellement d’origine immigrée, sont lamentables. Les tensions pour l’obtention de la journée de huit heures de travail sont à leur paroxysme. Un soir de mai, un événement tragique jette huit hommes dans la tourmente d’une parodie de justice dont l’issue sera qualifiée de «vendredi noir». Les répercussions sont internationales et aboutissent à la célébration du 1er Mai, Journée internationale des travailleurs.Haymarket, le marché de la tragédie

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Tout le monde ou presque connaît la tragédie de Haymarketen 1886 qui entrainera à la mort, pour l’exemple, six militants anarchistes de Chicago, considérés comme de dangereux agitateurs, mais surtout, et c’est sans doute la cause de leur exécution, en capacité d’œuvrer à la structuration des organisations ouvrières sur une base révolutionnaire. C’est cette histoire auxorigines du 1ᵉʳ mai que nous livre Martin Cennevitz dans un petit livre où l’histoire se lit comme un roman.

Rien de nouveau du point de vue de l’histoire et de l’origine de la bombe à Haymarket lors du meeting ouvrier et de la sauvage répression policière. Le premier intérêt du livre est de remettre cette affaire dans le contexte industriel et socio-économique de Chicago, souvent mal connu, au mitant des années 1880 et de la lutte des ouvriers pour la journée de 8 heures. Le deuxième est de redonner de la chair et l’esprit aux martyrs.

Ainsi l’auteur, évoque chacun des huit inculpés au travers de leurs origines, de leurs histoires, de leurs pérégrinations du pays d’origine à leur émigration aux USA. Pays de cocagne imaginaire, mais surtout de désillusion, car là-bas comme ailleurs en cette fin de 19ᵉ siècle la misère et grande, le travail dur et parfois rare. En Bref, des conditions qui en tout point rendent la révolte légitime et l’organisation de classes nécessaire.

Enfin, Martin Cennevitz arrive par son écriture à rendre le climat de tension social et la montée des périls en ce mois de mai 1886.

Arrive le procès truqué et la parade des faux témoins appointés à l’issue duquel les 8 non coupables seront condamnés, à une exception, à être pendus. À l’issue du procès, Fischer déclara : « j’ai été jugé pour meurtre et je suis condamné pour anarchie ».

À l’issue d’appels infructueux, le 11 novembre 1887, les sentences sont exécutées. Quelques minutes avant sa pendaison publique, Spies déclara d’une voix puissante et en direction des voyeurs : « le temps viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étouffez aujourd’hui ».

Pour conclure, un livre à faire lire à ceux et celles qui n’aiment pas l’histoire pour leur en donner le goût et leur faire découvrir un moment clé de l’histoire ouvrière d’outre atlantique où Parsons, Spies, Schwab, Fielden, Neebe, Fischer, Engel et Lingg firent rimer leurs vies avec « justice et liberté ».

CennevitzM., 2023, Haymarket, récit des origines du 1ᵉʳ mai, Québec, Lux.

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