Fils de…

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Fils de…

La biographie romancée deKlaus Mann ou le vain Icare rédigée par notre compagnon Patrick Schindler est l’histoire tragique – il se suicide en 1949 – de celui qui ne voulait pas être le fils de… en d’autres termes, être le fils d’uneMontagne magique. Son père Thomas Mann dont il écrit« je ne peux pas m’arracher ce visage qui est le sien ! Je suis le fils, toujours le fils, la copie ». Difficile, en effet, de se faire reconnaître comme un écrivain avec sa personnalité et son style propre dans cette Allemagne des années 1920-1940 lorsqu’on est le fils de… prix Nobel de littérature. Mais au-delà de ce drame, on découvre un Klaus Mann, fils d’un grand bourgeois, jeune homosexuel de la jeunesse dorée, clairvoyant et fortement engagé contre la bête immonde nazie lors de sa montée en puissance. Combat qu’il livre dans la presse, les conférences et certaines de ses œuvres. 1933, l’exil à Paris, il est déchu sa nationalité allemande pour « esprit antiallemand », ses livres sont brûlés dans les autodafés. Puis, il circule d’hôtels en hôtels – toujours entre défonces, déprimes et sexualité débridée et assumée – dans toute l’Europe et aux USA pour écrire et dénoncer les horreurs nazies et dans une moindre mesure le totalitarisme stalinien. Les années 1940, sont faites de déboires littéraires et amoureux et de dépendance aux drogues. Au demeurant, il parvient, non sans mal, à s’engager dans l’armée US afin d’aller combattre l’innommable peste brune en Europe. Au terme d’une vie souvent faite d’amertume, Klauss Mann met fin à ses jours à Cannes comme nombreux de ses amis en littérature et en sexualité l’avait fait avant lui. En effet, comme il l’écrit :Rien ne fut épargné à notre génération, c’est la nôtre que l’on surnomma, la génération « perdue ». De fait beaucoup se perdirent. Que reste-t-il aujourd’hui de l’œuvre foisonnante de Klauss, auteur aujourd’hui quasi inconnu, hormis de quelques spécialistes. Rien ou presque. La montagne a bien dissimulé la tombe du fils.

Malgré quelques longueurs, une grande fresque historique et une belle osmose entre l’écriture d’un Klaus (en italique) et la prose de Patrick, quasi une même plume pour les mêmes combats à près d’un siècle d’intervalles.

Schindler P., 2021,Klaus Mann ou le vain Icare, Paris, L’Harmattan, à Publico

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