Un futur renouvelable
Tel est le titre d’un ouvrage (1) auquel je rajouterai volontiers un point d’interrogation. C’est bien la question que posent les auteurs face au défi climatique et environnemental qui nous attend d’ici la fin du siècle. Le livre très didactique débute par un rappel des notions essentielles lorsqu’on prétend parler énergies renouvelable ou pas. Il se poursuit par des précisions sur les modes de production, de stockage, de distribution et de consommation de l’énergie et leurs limites. Quant au nucléaire du fait de son coût réel (construction/démontage/gestion des déchets), de sa dangerosité et d’être aussi non renouvelable, il n’entre pas dans un modèle énergétique durable et renouvelé.
Après avoir dressé le constat de la fin prévisible des énergies fossiles disponibles et l’impossibilité des énergies renouvelables à les remplacer complètement malgré la baisse des coûts de production d’ici 2100 environ, il convient dès à présent de songer à un avenir moins énergivore. Ce qui implique pour les auteurs la fin du « consumérisme (p.45) et la construction d’une société basse consommation ce qui impliquera de vivre autrement, habiter autrement, se nourrir autrement, se déplacer et produire autrement, etc. Quant à la production énergétique, elle devra probablement se réorganiser et passer d’un modèle centralisé contrôlé par l’État et/ou le capital à « quelque chose comme un réseau collaboratif de producteurs et de consommateurs d’électricité » (p.88) voire à des logiques d’auto-production individuelles (p.109). Dans ce livre pointu toutes les énergies alternatives sont étudiées avec précision : éolienne, hydrolienne, solaire ou issue de la bio masse. Reste qu’il nous faudra sans doute limiter nos consommations énergétiques pour satisfaire aux besoins de tous. Une piste réduire drastiquement tous les transports et les gaspillages inutiles.
Si les auteurs pointent bien les risques économiques et politiques de la crise de l’énergie on peut regretter leur naïveté quant à la volonté des gouvernements de réduire la précarité énergétique de nombreuses populations. De fait, ils en conviennent, rien ne se fera « sans des luttes et du militantisme social » (p.229).
Non seulement un autre monde est possible mais il est essentiel, reste à savoir sur quelles bases il se construira, celle des « craties » autoritaires, rouges, vertes ou tricolores ou sur des bases autogestionnaires et libertaires. Là sont les enjeux, les dés ne sont pas jetés, il est donc temps de s’en emparer.
- Heinberg R., Fridley D., 2019, Un futur renouvelable, tracer les contours de la transition énergétique, Québec, Ecosociété. A Publico 20 euros.