Alexandra Kollontaï (1872-1952)

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Alexandra KAlexandra Kollontaï (1872-1952)

Lénine était opposé à l’amour libre, en particulier pour les femmes, Alexandra Kollontaï, commissaire du peuple à l’assistance publique, était pour dès 1910. Elle prônait, souvent contre ses camarades bolchéviques, le « dépérissement de la famille bourgeoise ».

Très en avance sur son temps, elle considérait qu’on ne pouvait pas dissocier révolution sexuelle et révolution sociale. Malgré quelques thèses aujourd’hui réfutées, dont celles de la gynocratie, Alexandra développe une critique radicale du patriarcat, de la morale et du féminisme bourgeois.

Elle affirme aussi que tant que le capital exploitera le prolétariat, les hommes exploiteront les femmes.

Féministe révolutionnaire, elle milite pour l’abolition de la prostitution et elle fut avec d’autres, lors d’un congrès en 1910 à Copenhague, à l’origine de la journée internationale des femmes le 8 mars.

Elle préconise l’amour libre, mais pour cela, il est nécessaire de « réapprendre l’amour » et de dénoncer du mariage bourgeois et la misère sexuelle dont est victime le plus grand nombre, quelle que soit sa classe.

Elle milite encore afin que le divorce soit d’accès facile pour les femmes ouvrières et participe au mouvement, pour la première fois dans le monde, de légalisation de l’avortement. Elle ira même jusqu’à soutenir l’idée que l’intime et le quotidien sont politiques, idée qui fera florès après mai 1968.

Bien que tout son propos s’appuie sur le rôle déterminant de l’état, bolchévisme oblige, nombre des prises de position d’Alexandra apparaissent aujourd’hui encore comme les revendications de nombreuses femmes dans le monde.

Il est rare que dans le Monde libertaire s’intéresse à une marxiste pur jus, mais le parcours d’Alexandra et la modernité de son discours pour l’époque méritent, à mon sens cette évocation d’autant qu’elle fut aussi l’une des animatrices de l’opposition ouvrière, une soi-disant déviation anarchosyndicaliste au sein du parti bolchévique.

Plus étonnant encore, elle rédigea en 1922 une utopie ou le monde est devenu « une fédération de communes ».

Rappelons, par ailleurs, qu’elle eut comme collaborateur, et, probablement comme amant, le célèbre militant libertaire Marcel Body.

On peut aussi s’étonner de ce long parcours sans être liquidée par les sbires de Staline auquel elle fit allégeance, sans doute par souci de sécurité.

Bronnikova Olga, Renault Matthieu, 2024, Kollonttaï, défaire la famille, refaire l’amour, Paris, La fabrique éd.

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