L’anarchisme au club-med

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L’anarchisme au club-medL’anarchisme au club-med

En fait de club-med1, il s’agit dans cet ouvrage dirigé par I. Felici et C. Paonessa de découvrir l’implantation des anarchistes en méditerranée orientale et occidentale, où ils furent très présents et très actifs entre la 2ᵉ moitié du XIXe et 1914.

L’ouvrage débute sur deux portraits de militants, Cipriani, plus garibaldien qu’anarchiste, et de Matteucci qui fut proche de Cafiero. Au travers de leurs activités, en particulier en Égypte, se pose la question de savoir de quelle nature furent leurs rapports aux populations locales et quid de l’ethnocentrisme de certains, face à l’altérité dans un cadre colonial ?

Une autre contribution relate l’implication des groupes anarchistes italiens en Tunisie (1885-1921) et leur résistance aux extraditions arbitraires. La suivante, celle, moins connue, de l’implantation des syndicalistes anarchistes russes à Alexandria et au Caire en Égypte où ils participent à l’organisation des marins de la mer Noire et au-delà.

Anarchistes russes, eux aussi, en proie à des expulsions qui déclenchèrent de nombreuses manifestations au point d’inquiéter les autorités sur un risque de radicalisation des populations autochtones.

L’ouvrage aborde aussi une question centrale, mais mal documentée, celle des positions de l’anarchisme face au colonialisme espagnol dans le Rif au Maroc, en particulier durant la guerre civile.

Position souvent ambiguë entre un internationalisme émancipateur affirmé et l’idée d’une supériorité ibérique « naturelle » sur les Marocains, parfois porteuse de stéréotypes et teintée de racisme.

Néanmoins, dès le début de la guerre civile et jusqu’en 1938, des liens sont tissés entre la CNT et le camp républicain avec les nationalistes marocains afin de tenter de déclencher une insurrection antifranquiste dans le Rif.

Dernière question cruciale et à creuser, soulevée dans le cadre d’une étude sur les « communautés » d’anarchistes italiens Égypte et Tunisie : savoir si l’anarchisme est « un produit européen d’exportation » ou si dans ces zones géographiques, il existait à l’époque précoloniale des « éléments antiautoritaires dans les sociétés africaines ».

De tels éléments sont sans doute à extraire du passé de ces cultures afin de permettre un développement endogène de l’anarchisme en Afrique. Une piste pour le déploiement de nos idéaux, pleine de devenir pour de jeunes chercheur-e-s.

Felici Isabelle, Paonessa Costantino (dir), 2024, Anarchisme en méditerranée orientale et occidentale (1860-1920), Lyon, Atelier de création libertaire.

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