Le LAP

Le LAP¹

 Le Lycée autogéré de Paris (LAP) qui en 2024 fêtera ses 42 ans est né en 1982. Le LAP s’inscrit, comme le Lycée expérimental de Saint-Nazaire, dans la lignée des expérimentations pédagogiques acceptées par Alain Savary à l’époque ministre de l’Éducation nationale.

La démarche de l’équipe pédagogique est délibérément autogestionnaire et peut être considérée comme un laboratoire social en recherche de Cette éducation toujours nouvelle². De fait, les promoteurs et les éducateurs du LAP, tous issus de l’Éducation nationale, n’ont plus d’illusions « sur l’institution qui infantilise élèves et enseignants, réduit à la passivité et au désintérêt »³.

Dans cette perspective, le LAP met en place « un fonctionnement original où les activités interdisciplinaires occupent environ un tiers du temps, ce qui permet de donner davantage de sens aux savoirs »⁴. Les cours, fondés sur la pédagogie active, favorisent la recherche collective et peuvent être animés par plusieurs enseignants. Néanmoins, certaines activités en groupe pédagogique (2^nde, 1^ere ou terminale) correspondent à des enseignements qui peuvent faire partie des programmes scolaires préparant au baccalauréat. Ne relevant jamais de la pédagogie frontale, au LAP, les savoirs ne sont ni cumulatifs ni hiérarchisés.

Tout est mis en œuvre pour responsabiliser les élèves vis-à-vis tant du collectif que de leur propre parcours éducatif ; ainsi, « au LAP, il n’existe ni classes, ni notes, ni obligation de présence »⁵. Au demeurant, ces acteurs précisent que « leur projet n’est pas conçu uniquement pour les exclus du système scolaire, mais pour tous les élèves qui veulent tenter autre chose »⁶. Quant à la démarche pédagogique, elle est centrée sur les apprenants et sur leur projet car « dans tous les lieux d’éducation, […] tant que l’accès au savoir, à la connaissance, ne sera pas issu de l’individu lui-même, de son expérience, de son déjà vécu, de son désir, l’enseignement se construira dans sa tour d’ivoire, son monde à part, fait d’étrange, d’exercices fictifs, un monde totalement déconnecté de la vie de l’enfant et de la vie tout court »⁷.

L’ambition pédagogique du LAP n’est pas une réussite banale et limitée au seul baccalauréat ; elle donne la priorité à l’épanouissement intellectuel, culturel, voire éthique, de tous celles et ceux qui ont décidé de s’y inscrire et de s’y engager. Le lycée autogéré permet à chacun-e de « se trouver du temps pour se construire et pour apprendre »⁸. Ainsi, ce qui est visé au LAP, « c’est la participation de tous aux actions et aux décisions qui se rapportent à la vie de l’établissement : c’est en cela que nous disons que notre établissement est un lycée autogéré. En particulier, cela signifie que la différence de statut n’est pas considérée comme un obstacle, mais plutôt comme une richesse, à l’image de ce qui se passe dans une société démocratique »⁹. C’est donc « la participation de tous aux actions et aux décisions qui se rapportent à la vie de l’établissement »¹⁰ qui est souhaitée et, si possible, développée. « Vivre et agir parmi d’autres de manière réfléchie est une condition préalable à la compréhension de la citoyenneté à l’échelle d’une nation ou à l’échelle de la planète »¹¹.

En ce qui concerne les salaires et le coût direct inhérent aux locaux, ils restent à la charge de l’État. En d’autres termes, faute d’une autonomie financière, la vie et l’avenir du LAP dépendent du bon vouloir de l’Éducation nationale. Dépendance qui, malgré tout, garantit la gratuité et a permis d’accueillir en quarante ans entre 3 000 et 4 000 élèves, soit une centaine de lycéens libérés de l’autoritarisme éducatif chaque année.

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Aujourd’hui en grand danger de fermeture par décision du Recteur.

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